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Admettre ou surmonter la défaite, retour sur les trajectoires des révolutionnaires arabes / Admitting defeat, overcoming defeat: On Arab revolutionaries' paths.
Chaymaa Hassabo  1@  
1 : IRD, Ceped, ERC LIVE-AR  (IRD, Ceped, ERC LIVE-AR)
IRD, Ceped, ERC LIVE-AR

FR :

Dans la plupart des pays arabes qui ont connu des processus révolutionnaires, l'espoir et l'euphorie ont été remplacés par la désillusion, le désenchantement et, surtout, par un état de défaite. De nombreux révolutionnaires ont été réduits au silence, emprisonnés ou contraints à l'exil à cause de cette défaite. Cet atelier met en lumière les significations et les conséquences de la défaite dans la vie privée et publique des révolutionnaires. La plupart des publications sur les révolutions arabes se sont concentrées sur la trajectoire des processus politiques dans les pays respectifs en évaluant leur succès ou leur échec en matière de démocratisation. Cet atelier remet en question cette dichotomie à travers le prisme de la défaite, une notion centrée sur une approche subjective qui prend en compte l'importance de la position biographique, y compris la dynamique du genre, la localisation géographique, du politique et de classe. 

Certains individus peuvent, par exemple, se sentir vaincus même lorsque le processus politique global est considéré comme réussi. Par défaite, nous entendons un état de dépossession ressenti, perçu et vécu par les révolutionnaires après avoir réalisé que l'essence de leur engagement politique est altérée, qu'ils sont privés de l'accès aux espaces conquis, que leurs pratiques militantes ont changé ou ont été réduites au silence, que leur liberté est menacée ou qu'ils ont été contraints à l'exil. La défaite s'accompagne de sentiments de désillusion, de désenchantement et de nostalgie. En se concentrant sur les histoires de vie, cet atelier a deux objectifs principaux : premièrement, comprendre comment les révolutionnaires racontent et font face à la défaite après avoir consacré une période importante de leur vie à la révolution ; deuxièmement, étudier les différentes voies que les révolutionnaires ont empruntées depuis qu'ils ont admis leur défaite. 

Nous aborderons plusieurs questions liées à ces deux objectifs : Comment les révolutionnaires parlent-ils et racontent-ils la défaite ? Quelles sont les différentes significations qu'ils lui donnent ? Font-ils la différence entre une défaite personnelle et une défaite révolutionnaire ? Quelles émotions et quels affects ont suivi la défaite ? Quelles sont les conséquences biographiques de la participation à une révolution vaincue ? Quelles opportunités et perspectives « nouvelles » la défaite peut-elle offrir ? Le désenchantement qui accompagne la défaite implique-t-il un processus de désengagement ou, au contraire, génère-t-il d'autres engagements et pratiques d'activisme ? L'« espoir » peut-il coexister avec la défaite dans les récits révolutionnaires ? La réponse à ces questions peut révéler comment les individus saisis par des moments historiques et leurs suites sont à la fois façonnés par leurs sociétés et les façonnent. Cela contribuera à l'étude de la défaite révolutionnaire et de ce qui se passe après, un sujet qui n'en est encore qu'à ses balbutiements dans la littérature sur les révolutions arabes.

EN :

In most Arab countries that witnessed revolutionary processes, hope and euphoria have come to be replaced by disillusionment, disenchantment, and, most critically, a state of defeat. Many revolutionaries have been silenced, imprisoned or forced into exile because of such defeat. This panel sheds light on the meanings and consequences of defeat in the private and public lives of revolutionaries. Most of the literature on the Arab revolutions focused on the trajectory of political processes in the respective countries by assessing their success or failure in achieving democratisation. This panel challenges this dichotomy through the lens of defeat, a notion that centres on a subjective approach that considers the salience of biographical positionality, including dynamics of gender, geography, politics, and class. Some individuals can, for instance, feel defeated even when the broader political process is deemed successful. By defeat, we mean a state of dispossession felt, perceived, and lived by revolutionaries after realizing that the essence of their political commitment changed, the public spaces they inhabited were seized, their practices of activism shifted or were silenced, their freedom was at risk, or they were forced into exile. Defeat is accompanied by feelings of disillusionment, disenchantment and nostalgia. Focusing on life history interviews, this panel have two broad objectives: firstly, to understand how revolutionaries narrate and cope with defeat after dedicating a significant period of their lives to the revolution; secondly, to study the different paths revolutionaries have taken since admitting defeat. We will tackle several questions which attend to these two objectives: How do revolutionaries talk about and narrate defeat? What are the different meanings they give to it? Do they differentiate between personal and revolutionary defeat? What emotions and affects have followed defeat? What biographical consequences stem from participation in a defeated revolution? What “new” opportunities and perspectives could defeat yield? Does the disenchantment accompanying defeat imply a process of disengagement, or, on the contrary, generate alternative commitments and practices of activism? Can “hope” co- exist with defeat in revolutionary narratives? Answering these questions can reveal how individuals seized by historical moments and their aftermaths are both shaped by and shapers of their societies. This will contribute to studies of revolutionary defeat and what transpires after it, a subject still nascent in the literature on the Arab revolutions. 

 


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