Abstract:
Narratives of migration and exile in Europe and North America have been at the center of numerous works of literature by Arab writers, including those who were preoccupied by the encounter with colonial modernity in metropolitan centers throughout the twentieth century. Recent political conflict in the region has intensified the movement of refugees and migrants out of the Arab world, producing an even larger body of literary texts, in Arabic and other languages (Sellman 2022), which, since the early 2000s, have also begun to address the issue of South-South migration (Censi and Paniconi 2023). However, what is overshadowed by most academic studies focused on these narratives is the fact that even the region constituting what we understand today as the “Arab world” has often been experienced as a place of exile (manfā) and estrangement (ghurba) by migrants, refugees, travelers and other mobile subjects coming from the same region (Dakkak 2022). As a matter of fact, mobilities and diasporic communities in the Arab world - and more widely in the MENA region - tend to be marginalized in the field of literary studies, despite the significant political, social, and cultural implications of their presence. This panel thus seeks to depart from the theme of the encounter with the “West” by bringing together contributions that investigate Arab narratives of dislocation set within the Arab world itself, and more broadly, within the Middle East and North Africa, whether dislocation is the result of inter-Arab migration, regional displacement, or foreign encounters.
While the region has historically been a hub of movement and is associated with mobility in contemporary times due to the outflow of people seeking refuge from war and economic crises, the circumstances that give rise to exile or estrangement as a feeling and a state of being have also not always been the outcome of spatial distance from the homeland. In fact, the focus on mobility risks marginalizing articulations of exile and estrangement that demonstrate how the act of staying at home itself heightens feelings of alienation, and how these feelings are entwined in many ways with experiences of migration and displacement. As scholars in the field of mobility studies have been arguing, mobility necessarily relies on “systems of immobility” (Sheller and Urry 2006, 210-11), which makes it important in the study of migration to also note “the relationship between mobility and immobility and the extent to which ‘migration' and/ or ‘staying put' are entangled rather than mutually exclusive in the contemporary ‘mobile world'” (Fortier 2014, 66). In the MENA region, the Arab world has been an alienating place for sedentary peoples during periods of turmoil and transformation, as well as for ethnic, religious, and linguistic minorities at various historical junctures (Kymlicka and Pföstl 2014, Robson 2016, Censi and Paniconi 2023). In some cases, internal exile can be the impetus for leaving the homeland, an act that then either generates other forms of exile, or offers possibilities of belonging in a new place. In other cases, internal exile is a position that individuals actively embrace or adopt to assert their difference in places or societies that reject their presence, or to seek refuge from systematic marginalization.
This panel thus also seeks to include contributions that look at Arab literary narratives of South-South immobility in relation to mobility and migration and/or internal exile and estrangement. We invite papers that tackle any of the above themes from within the broad fields of literary and cultural studies, and that engage not only with different kind of texts (fiction, non-fiction, poetry, drama, etc.), written in Arabic or other languages, but also with the study of social relations and collaborative networks linking cultural producers in exile, on a transnational level.
Résumé:
Les récits de migration et d'exil en Europe et en Amérique du Nord ont été au cœur de nombreuses œuvres littéraires d'écrivains et d'écrivaines arabes, y compris ceux qui ont été préoccupés par la rencontre avec la modernité coloniale dans les grandes métropoles tout au long du XXe siècle. Les récents conflits politiques dans la région ont intensifié les mouvements de réfugiés et de migrants hors du monde arabe, produisant un corpus encore plus important de textes littéraires, en arabe et dans d'autres langues (Sellman 2022), qui, depuis le début des années 2000, ont également commencé à aborder la question des migrations sud-sud (Censi et Paniconi 2023). Cependant, ce qui est occulté par la plupart des études académiques centrées sur ces récits c'est le fait que même la région constituant ce que nous comprenons aujourd'hui comme le « monde arabe » a souvent été vécue comme un lieu d'exil (manfā) et d'étrangéité (ghurba) par les migrants, les réfugiés, les voyageurs et les autres sujets mobiles provenant de la même région (Dakkak 2022). En fait, les mobilités et les communautés diasporiques dans le monde arabe – et plus largement dans la région MENA – ont tendance à être marginalisées dans le domaine des études littéraires, malgré les implications politiques, sociales et culturelles significatives de leur présence. Cet atelier cherche donc à s'écarter de l'objet d'étude classique de la rencontre avec l'Occident dans la littérature arabe, en rassemblant des contributions qui étudient les récits arabes de dislocation dans le monde arabe lui-même – et plus largement, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord – indépendamment du fait que cette dislocation soit le résultat de migrations interarabes, de déplacements régionaux ou de rencontres avec l'étranger.
Bien que la région ait été historiquement un centre de déplacement et qu'elle soit associée à la mobilité à l'époque contemporaine en raison de l'afflux de personnes cherchant refuge contre la guerre et les crises économiques, les circonstances qui donnent lieu à l'exil ou à l'éloignement en tant que sentiment et état d'être n'ont pas toujours été le résultat d'une distance spatiale par rapport à la patrie. En fait, l'accent mis sur la mobilité risque de marginaliser les articulations de l'exil et de l'éloignement qui démontrent comment le fait de rester chez soi accroît les sentiments d'aliénation, et comment ces sentiments sont liés à bien des égards aux expériences de migration et de déplacement. Comme le soutiennent les spécialistes des études sur la mobilité, celle-ci repose nécessairement sur des « systèmes d'immobilité » (Sheller et Urry 2006, 210-11), d'où l'importance, dans l'étude de la migration, de noter également « la relation entre la mobilité et l'immobilité et la mesure dans laquelle la “migration” et/ou le fait de “rester chez soi” sont liés plutôt que mutuellement exclusifs au sein du “monde mobile” contemporain » (Fortier 2014, 66). Dans la région MENA, le monde arabe a été un lieu aliénant pour les peuples sédentaires pendant les périodes de troubles et de transformation, ainsi que pour les minorités ethniques, religieuses et linguistiques à différents moments de l'histoire (Kymlicka et Pföstl 2014, Robson 2016, Censi et Paniconi 2023). Dans certains cas, l'exil interne peut être à l'origine du départ de la patrie, un acte qui génère alors d'autres formes d'exil ou offre des possibilités d'appartenance dans un nouveau lieu. Dans d'autres cas, l'exil interne est une position que les individus adoptent activement pour affirmer leur différence dans des lieux ou des sociétés qui rejettent leur présence, ou pour chercher un refuge contre une marginalisation systématique.
Cet atelier cherche donc également à inclure des contributions qui examinent les récits littéraires arabes de l'immobilité Sud-Sud en relation avec la mobilité et la migration et/ou l'exil interne et l'éloignement. Nous invitons les communications qui abordent l'un ou l'autre des thèmes susmentionnés dans le cadre des études littéraires et culturelles au sens large, et qui s'intéressent non seulement à différents types de textes (fiction, non-fiction, poésie, théâtre, etc.), écrits en arabe ou dans d'autres langues, mais aussi à l'étude des relations sociales et des réseaux de collaboration reliant les producteurs culturels en exil, au niveau transnational.
References/Bibliographie:
Censi, Martina, and Maria Elena Paniconi (eds.). 2023. The Migrant in Arab Literature Displacement, Self-Discovery and Nostalgia. Oxon: Routledge.
Dakkak, Nadeen (ed.). 2023. Narratives of Dislocation in the Arab World. Rewriting Ghurba. Oxon: Routledge.
Fortier, Anne-Marie. 2014. “Migration Studies.” In The Routledge Handbook of Mobilities, ed. Peter Adey, et al. London: Routledge, pp. 64– 73.
Kymlicka, Will, and Eva Pföstl (eds). 2014. Multiculturalism and Minority Rights in the Arab World. Oxford: Oxford University Press.
Maggiolini, Paolo, and Idir Ouhaes (eds.). 2020, Minorities and State-Building in the Middle East: The Case of Jordan. Cham: Palgrave Macmillan.
Robson, Laura (ed.). 2016. Minorities and the Modern Arab World: New Perspectives. Syracuse: Syracuse University Press.
Sellman, Johanna. 2022. Arabic Exile Literature in Europe. Defamiliarising Forced Migration. Edinburgh: Edinburgh University Press.
Sheller, Mimi, and John Urry. 2006. “The New Mobilities Paradigm.” Environment and Planning A, vol. 38, pp. 207-226.
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