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Penser et problématiser la Mort en Turquie : Rites, commémorations, traitement institutionnel des corps / Thinking about and problematising Death in Turkey: Rites, commemorations and the institutional treatment of bodies
Julie Alev Dilmaç  1@  , Seçil Doğuç Ergin  1@  
1 : Université Galatasaray

La mort s'impose comme un phénomène inévitable de la condition humaine. En Turquie, il n'est d'ailleurs pas rare de trouver sur l'entrée des cimetières la mention « tous les êtres vivants goûteront un jour à la mort », soulignant l'universalité de ce destin. Cependant, l'expérience de la mort s'établit sur des différences notoires; autrement dit, les individus ne sont pas égaux face au trépas : les conditions sociales, économiques, l'environnement professionnel, le contexte national ou géographique, l'exposition à certaines substances ou risques sur le milieu travail.... Sont autant de facteurs qui influent sur l'espérance de vie. De même que le traitement institutionnel de la disparition (et des corps), qui peut varier d'un contexte à l'autre.

Cet atelier vise à explorer les différentes manières dont la mort est abordée en Turquie, tant du point de vue des acteurs individuels que des institutions étatiques. Il s'agira en somme de mettre en lumière les rapports instaurés à la mort à divers niveaux dans ce contexte national. L'objectif est de réunir les recherches ayant pour objet d'étude la Mort (ou les Morts) et les aspects relatifs à son traitement, qu'il soit étatique, médiatique ou culturel, afin de comprendre comment ce tabou est intégré dans les analyses concernant la Turquie.

Les contributions pourront aborder des sujets variés, tels que les morts vécues (morts à grande échelle, les séismes, les explosions minières, accidents de travail...), les morts provoquées (homicides, crimes d'honneur, féminicides, lynchage...), ainsi que les morts auto-infligées, qu'elles soient intentionnelles (suicide) ou accidentelles (défis dangereux tels que le jeu du foulard ou le « Blue Whale Challenge »), sans oublier les décès résultant d'actions protestataires (grèves de la faim).

Les analyses anthropologiques portant sur les représentations mortuaires, les rites funéraires et les pratiques cérémonielles, ainsi que les études sociologiques traitant des Morts mystifiés (ex. Martyrs, Héros de guerre), des commémorations nationales et des dispositifs qui y sont associés (musées, monuments aux Morts, cimetière militaire, proclamation officielle de journée commémorative, deuil national) seront aussi les bienvenues.

Enfin, les propositions concernant la mort symbolique ou la mort sociale, telles que les problématiques relatives à l'enfermement, à la peine de mort, aux sentences à perpétuité, ou à l'invisibilisation de certaines populations, seront également prises en compte. En effet, malgré les avancées en faveur des droits des détenus et la normalisation des conditions de détention depuis le milieu du 20ᵉ siècle, plusieurs pratiques pénales appellent à une réflexion approfondie sur l'enfermement pénal et son rapport avec la mort — qu'elle soit physique, sociale, symbolique ou civile. Ainsi, le maintien de la peine de mort dans certains systèmes juridiques, la prolifération des détentions en isolement solitaire pour de longues durées, l'accroissement du taux des longues peines, l'usage fréquent des peines de réclusion à perpétuité (avec ou sans la possibilité de libération conditionnelle), sans oublier les détentions à durée indéterminée sont autant de cas qui appellent à une réflexion sur la mort symbolique et ses implications.

Cet atelier ambitionne ainsi de dresser un panorama diversifié des représentations et du traitement de la mort en Turquie, en vue d'offrir une perspective approfondie sur la manière dont cette réalité universelle est appréhendée et gérée dans ce contexte national.

Abstract

Death emerges as an inevitable phenomenon of the human condition. In Turkey, it is not uncommon to find at the entrance of cemeteries the inscription, "Every living being will taste death one day," highlighting the universality of this fate. However, the experience of death is marked by significant differences; in other words, individuals are not equal in the face of death. Social and economic conditions, professional environments, national or geographical contexts, exposure to certain substances or risks in the workplace—all these factors influence life expectancy. Likewise, the institutional handling of death (and of bodies) can vary from one context to another.

This workshop aims to explore the various ways death is approached in Turkey, both from the perspective of individual actors and state institutions. The goal is to shed light on the relationships established with death at different levels in this national context. The objective is to bring together research that focuses on Death (or the Dead) and the aspects related to its treatment, whether by the state, the media, or culturally, to understand how this taboo is incorporated into analyses concerning Turkey.

Contributions can address a wide range of topics, such as deaths experienced on a large scale (earthquakes, mining explosions, workplace accidents...), deaths caused by others (homicides, honor killings, femicides, lynching...), as well as self-inflicted deaths, whether intentional (suicide) or accidental (dangerous challenges like the "choking game" or the "Blue Whale Challenge"), not forgetting deaths resulting from protest actions (hunger strikes).

Anthropological analyses of representations of death, funeral rites, and ceremonial practices, as well as sociological studies dealing with mystified deaths (e.g., Martyrs, War Heroes), national commemorations, and the associated mechanisms (museums, war memorials, military cemeteries, official proclamations of commemorative days, national mourning) are also welcome.

Finally, proposals addressing symbolic or social death, such as issues related to imprisonment, the death penalty, life sentences, or the invisibility of specific populations, will also be considered. Indeed, despite advances in prisoner rights and the normalization of detention conditions since the mid-20th century, several penal practices call for deeper reflection on the relationship between imprisonment and death—whether physical, social, symbolic, or civil. Thus, the maintenance of the death penalty in some legal systems, the proliferation of long-term solitary confinement, the increase in long sentences, the frequent use of life sentences (with or without the possibility of parole), and indeterminate detention are all cases that invite reflection on symbolic death and its implications.

This workshop aims to offer a diverse overview of the representations and treatment of death in Turkey, providing a deeper perspective on how this universal reality is understood and managed in this national context.

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