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Tourner autour des ronds-points : imaginaires, récits d'état et pratiques citadines
Mariangela Gasparotto  1@  , Anahi Alviso-Marino  2, *@  
1 : Mariangela Gasparotto
IFPO
2 : CEFREPA
cefrepa
* : Auteur correspondant

Objet resté jusqu'à récemment dans l'ombre des études urbaines, le rond-point est porteur d'une réflexion qui tourne autour des participations citoyennes et des pratiques artistiques, officielles et non-officielles. Il se trouve au cœur des politiques culturelles et de la planification urbaine et acquiert un nouvel élan au sein des “visions” du futur dans certaines villes, comme dans la Péninsule arabique. Les ronds-points structurent l'urbain, tout en semblant vides ; néanmoins, ils sont chargés de sculptures monumentales et répondent à des politiques d'embellissement de la ville, impliquant aussi des artistes ou des techniciens dans la création d'objets qui fabriquent les imaginaires urbains.

Les « printemps arabes » ont montré la centralité de ces « dispositifs banals » (Weizmann, p. 11) construits dans le but de faciliter la circulation des véhicules motorisés (voitures ou chars militaires) : ainsi, Tahrir au Caire, la Perle à Manama ou al-Manara à Ramallah ont représenté les points de rassemblement pour les manifestants qui s'opposaient aux gouvernements ou/et à la colonisation ; par la même occasion, ces espaces sont devenus les hauts-lieux des répressions militaires qui, dans certains cas, ont démantelé ces infrastructures et les ont remplacées par des intersections routières. 

Notre atelier s'inscrit dans ce débat et le complète. À côté d'une réflexion sur les ronds-points comme symboles du progrès et incarnations des régimes autoritaires, nous explorerons leurs usages mineurs ou banals, ainsi que les manières dont les personnes en parlent. Un premier volet revient sur l'objet/lieu lui-même ainsi que sur les discours et les imaginaires qui y sont associés. Les communications exploreront les dynamiques qui les sous-tendent et qui les régissent, mais aussi les discours et les imaginaires qui tournent autour de ces objets inhospitaliers. Comment la biographie et la généalogie des ronds-points se construit dans des villes arabes ? Qui sont les acteurs chargés de leur construction, maintien, renouvellement et/ou disparition ? Comment existent-ils matériellement et symboliquement ? 

Le deuxième volet aborde les ronds-points en tant qu'agencements socio-techniques, c'est-à-dire en les saisissant à partir des usages qu'en font les personnes et des connexions qu'ils créent. Les interventions interrogeront les pratiques de contestation ou de sociabilité, artistiques ou de mise en scène en lien avec leurs effets sur et dans la ville. Comment les personnes se servent des ronds-points au quotidien ? Qu'est-ce que cela nous dit des rapports de genres, des normes en vigueur et de celles qui sont contestées ? Comment les objets destinés à les “embellir” autant qu'à représenter le pouvoir sont-ils détournés par les usages ? Qu'est-ce que ces infrastructures nous disent de l'espace public et des rapports humains-non humains ?

 

Abstract 

Once an overlooked object of urban studies, the roundabout has more recently become the subject of a reflection centered on official and non-official citizen participation and artistic practices. It stands at the heart of cultural policies and urban planning, gaining new momentum within ‘visions' of the future in certain cities, such as those in the Arabian Peninsula. Roundabouts structure the urban landscape, while appearing to be empty; nevertheless, they are often adorned with monumental sculptures and play a role in policies to embellish the city, also involving artists or technicians in the creation of objects that shape urban imaginations.

 

The so-called ‘Arab Springs' highlighted the centrality of these ‘banal devices' (Weizmann, p. 11), originally constructed to facilitate the movement of motorized vehicles (cars or military tanks). Tahrir in Cairo, the Pearl Roundabout in Manama, and al-Manara in Ramallah became key gathering points for demonstrators opposing governments and/or colonization. Simultaneously, these spaces also became focal points of military repression, which in some cases led to the dismantling of these infrastructures and their replacement by road intersections.

 

While our workshop is inscribed in these debates, our approach proposes to further extend and complement it. Alongside an exploration of roundabouts as symbols of progress and embodiments of authoritarian regimes, we will also examine their more minor or everyday uses, as well as the varied ways in which people talk about them. The first component of our workshop focuses on the object/place itself and the discourses and imaginaries associated with it. Here, we invite presentations that will explore the dynamics that underlie and govern these spaces, as well as the discourses and imaginaries that revolve around these often inhospitable objects. How is the biography and genealogy of roundabouts constructed and narrated in Arab cities? Who are the actors responsible for their construction, maintenance, renewal, and/or disappearance? How do they exist both materially and symbolically? The second part of our workshop examines roundabouts as socio-technical arrangements, considering not only how people use them but also the connections they create while using them. Presentations will explore practices of protest, sociability, and artistic or performative interventions and how they connect to the city in maybe unexpected ways. How do people interact with roundabouts in their daily lives? What does this reveal about gender relations, prevailing norms, and those that are being contested? How are objects that were intended to ‘beautify' these spaces as much as to represent power, can be subverted through everyday use? What do these infrastructures tell us about public space and human–non-human interactions and relationships?

Bibliography

- N. AlSayyad, « Cairo's roundabout revolution », New York Times, 13 avril 2011.

 

- A. Alviso-Marino, « Faire d'un lieu un symbole politique. La photographie engagée sur la Place du Changement à Sanaa », in H. Combes, D. Garibay et C. Goirand (dir.), Les lieux de la colère, Paris, Karthala, 2016, pp. 35-70

 

- A. Khalaf, « The many afterlives of Lulu. The story of Bahrein's Pearl roundabout », Ibraaz, 28 février 2013

 

- A. Petti, S. Hilal et E. Weizman, Architecture After Revolution, Sternberg Press, Berlin, 2013

 

- E. Rauh. An Enduring Monument: Bahrain's 2011 Pearl Roundabout Protests, Middle East Journal of Culture and Communication, 11, 2018, pp. 141-173

 

- A. Shibli, « Al-Manara square : monumental architecture and power », Jerusalem Quarterly, n° 26, printemps 2006, pp. 52-64

 

- E. Weizman (avec B. Fisher et S. Moafi), « Logiques giratoires des révolutions. Une approche spatiale des soulèvements », Revue du Crieur, Vol 3, N° 14, 2019, pp. 4-49.

 

 


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