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Agir en « islamistes » sous la coupole ? Pratiques politiques des groupes à référents islamistes dans les parlements / Acting like an “Islamist” under the dome? Political practices of Islamist-oriented groups in parliaments.
Déborah Perez  1, *@  , Théo Blanc  2, *@  
1 : Faculté de gouvernance, sciences économiques et sociales  (FGSES, UM6P)
2 : Scuola Universitaria Superiore Sant'Anna = Sant'Anna School of Advanced Studies [Pisa]  (SSSUP)
* : Auteur correspondant

FR

Alors que les travaux sur les mobilisations islamistes sont particulièrement nombreux, et cela d'autant plus depuis les expériences d'accession au gouvernement de la dernière décennie, très peu se concentrent sur une institution que les partis à référent islamiste ont pourtant très rapidement et largement investie : les parlements. Que ce soit en tant qu'acteurs minoritaires de l'opposition, avec une majorité absolue ou bien au sein de coalitions plus ou moins fragiles, les mouvements islamistes sont présents dans les hémicycles du Maghreb et du Machrek, parfois depuis les années 1980. Mais qui sont leurs députés ? Que font-ils sous la coupole ? Comment investissent-ils leur rôle ? Cet atelier propose de chercher à répondre à ces différentes questions de manière comparatiste en rassemblant des contributions fondées sur des enquêtes empiriques qui interrogent les pratiques islamistes dans les parlements. Il a une ambition théorique double : à la fois d'éclairer leur spécificité dans des configurations autoritaires variées – et donc de mieux comprendre ce que peuvent faire les acteurs parlementaires quand ils disposent de peu de marge de manœuvre ; à la fois de documenter les pratiques des acteurs islamistes pour soumettre les thèses largement discutées du post-islamisme et de l'inclusion-modération à l'épreuve de l'arène parlementaire. 

Nous proposons également d'initier une approche scientifique comparative qui dépasse les frontières habituelles - mais toujours discutables (Bayart 2016) - en incluant des cas de la région MENA mais aussi de l'Afrique de l'Ouest et de l'Asie du Sud-Est. Le décentrement de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, d'où est issue la grande majorité des études sur l'islamisme, permet ainsi d'évaluer la valeur heuristique de cette catégorie dans d'autres régions et d'enrichir sa compréhension et sa (re)conceptualisation.

 Les communications s'articuleront autour de 4 axes principaux. 

1) En premier lieu, elles pourront s'intéresser aux propriétés sociales et aux trajectoires des députés, ainsi qu'aux ressources mobilisées par ces derniers pour accéder à l'institution parlementaire. Au-delà de l'approche sociographique, les contributions prêteront aussi attention aux stratégies d'investiture de ces partis politiques. 

2) En deuxième lieu, les communications analyseront les comportements des élus au sein de l'institution, à l'échelle individuelle et des groupes parlementaires, en interrogeant tant les “dynamiques mimétiques” (Geisser, Perez, 2016) que les stratégies de distinction vis-à-vis des autres députés. Les communications seront ici particulièrement attentives aux règles régissant l'expression des désaccords politiques au sein des groupes parlementaires. 

3) En troisième lieu, ce panel propose d'identifier et d'étudier les objets dont ces acteurs se saisissent dans l'enceinte parlementaire. Quels projets de loi défendent-ils et auxquels s'opposent-ils ? Les communications analyseront également les registres et stratégies mobilisés par les élus pour parvenir à leurs fins. Notamment, avec qui s'allient-ils, ponctuellement ou sur le temps long ? Quelle place occupent les référentiels islamiques dans leurs stratégies de contestation ou de promotion d'une production législative ? 

4) En quatrième et dernier lieu, les communications interrogeront les ressources acquises par les élus et formations islamistes au cours de leurs mandats parlementaires, tant en termes d'ancrage local que d'implantation institutionnelle (Vannetzel, 2016). Les communications pourront également traiter de la question des stratégies d'extraversion, les parlements des Suds faisant régulièrement l'objet de l'intervention d'acteurs internationaux spécialisés dans des programmes de renforcement parlementaire.

EN

While there is a particularly large body of work on Islamist mobilizations, and all the more so since Islamist parties accessed governments over the last decade, very few focus on an institution that parties with an Islamist referent have nevertheless rapidly and extensively engaged with: parliaments. Whether as minority opposition players with an absolute majority or within more or less fragile coalitions, Islamist movements are present in the hemicycles of the Maghreb and Mashreq, sometimes since the 1980s. But who are their deputies? What do they do? How do they play their role? This workshop seeks to answer these questions in a comparative way, by bringing together contributions based on empirical research that examines Islamist practices in parliaments. Its theoretical ambition is twofold. Firstly, it sheds light on their specificity in a variety of authoritarian configurations and thus helps better understand what parliamentary actors can do when they have little room for maneuver. Secondly, it documents the practices of Islamist actors in order to put the widely-discussed theses of post-Islamism and inclusion-moderation to the test in the parliamentary arena. 

We also propose to initiate a comparative scientific approach that goes beyond the usual but still debatable (Bayart 2016) borders by including cases from the MENA region but also from West Africa and Southeast Asia. Decentering the Middle East and North Africa region, where the vast majority of studies on Islamism originate, enables us to assess the heuristic value of this category in other regions and enrich its understanding and (re)conceptualization. 

Papers will be organized around 4 main axes. 

1) First, they will look at the social properties and trajectories of MPs, as well as the resources they mobilize to gain access to the parliamentary institution. Beyond the sociographic approach, contributions will also focus on the nomination strategies of these political parties. 

2) Second, the papers will analyze the behaviors of elected representatives within the institution, at the individual and parliamentary group levels, questioning both “mimetic dynamics” (Geisser, Perez, 2016) and strategies for distinguishing themselves from other MPs. Papers here will pay particular attention to the rules governing the expression of political disagreements within parliamentary groups. 

3) Third, this panel proposes to identify and study the objects that these actors seize in the parliamentary arena. Which bills do they defend or oppose? Papers will also analyze the registers and strategies mobilized by elected representatives to achieve their ends. In particular, with whom do they ally themselves, on an ad hoc or long-term basis? What place do Islamic references occupy in their strategies of contestation or promotion of legislative production? 

4) Fourth and last, papers will interrogate the resources acquired by Islamist representatives and formations during their parliamentary mandates, both in terms of local anchoring and institutional establishment (Vannetzel, 2016). Papers may also address the question of extraversion strategies, as parliaments in the South are regularly the focus of intervention by international actors specialized in parliamentary strengthening programs.

References: 

Bayart, Jean-François, “Dessine-moi un MENA !”, ou l'impossible définition des “aires culturelles”, Sociétés politiques comparées, 38 (2016).

Geisser, Vincent & Déborah Perez, “De la difficulté à « faire parti » dans la Tunisie post-Ben Ali”, Confluences Méditerranée, 98:3 (2016): 21-44

Ferrié, Jean-Noël, “La parlementarisation de l'islam politique: la dynamique des modérés”, Euromesco papers n°41, 2005.

Vannetzel, Marie, “Grandeur et déclin des Frères musulmans égyptiens : les mutations de l'élite parlementaire frériste de Moubarak à Morsi, 2005-2012”, Actes de la recherche en sciences sociales, 211/212:1-2 (2016): 36-53.


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