Intervenants > Seffadj Zine Eddine

Le décor peint dans l'architecture civile du Maghreb et d'Andalousie entre le XIIe et XIXe siècle / Painted decoration in civil architecture of the Maghreb and Andalusia from the 12th to the 19th centuries
Nadia Makhoukh  1, *@  , Dalila Sanhadji  2@  , Beya Abidi  3@  , Fernando Villada-Paredes  4@  , Agnès Charpentier  5@  , Zine Eddine Seffadj  6@  
1 : Université Salah Boubnider Constantine 3 [Algérie] = University of Constantine 3 Salah Boubnider [Algeria] = جامعة قسنظينة 3 (ar)  (UC 3)
2 : Université des Sciences et de la Technologie USTO - MB Oran| Laboratoire LAMAUS
3 : Université de la Manouba |Faculté des Lettres des Arts et des Humanités|Laboratoire d'Archéologie et d'Architecture Maghrébines
4 : Instituto de Estudios Ceutíes
5 : CNRS | Islam médiéval UMR 8167 Orient et Méditerranée
CNRS
6 : Université de la Formation Continue
* : Auteur correspondant

Le décor peint dans l'architecture civile au Maghreb est un témoignage historique et culturel qui reflète les goûts de ses commanditaires. Cette forme d'art, qui orne les plafonds et les murs des résidences, ne se limite pas aux palais officiels ou aux monuments prestigieux, mais se trouve également dans les maisons urbaines, voire rurales, devenant ainsi un élément essentiel de l'identité visuelle maghrébine. En terme d'étude, ces éléments de décor se retrouvent souvent négligés, voire même absents des travaux archéologiques. Si les compositions picturales d'époque moderne sont parvenues jusqu'à nous, il n'en va pas de même des celles issues des fouilles archéologiques ; leur fragilité les rend aussi fragmentaires et plus fragiles.

Ce décor peint témoigne d'une multitude d'influences, allant des traditions locales aux apports extérieurs, notamment des influences méditerranéennes. Il met en lumière l'existence d'une aire culturelle réunissant, au Moyen Âge, le Maghreb et al-Andalus puis, à l'époque moderne, une certaine ouverture sur l'Europe et les terres ottomanes, sans pour autant renoncer à la tradition. Cette hybridation soulève la question de l'identité culturelle : comment ces éléments décoratifs contribuent-ils à composer une identité visuelle spécifique au Maghreb tout en intégrant des traditions variées ? Elle soulève également des interrogations sur la circulation potentielle des répertoires ou d'ateliers.

Au-delà de leur valeur esthétique, les décors peints architecturaux suscitent de multiples interrogations quant à leurs dimensions sociales et à leurs significations culturelles. Ils peuvent servir à exprimer le statut social des commanditaires, à marquer des événements ou à transmettre des valeurs culturelles. Quelles sont les significations culturelles attachées à ces décors, et comment évoluent-elles dans le temps et l'espace ?

L'exécution des décors peints implique des techniques spécifiques qui varient dans le temps et d'une région à l'autre posant ainsi la question de la transmission des savoir-faire, la circulation et l'approvisionnement des matériaux nécessaires à leur composition (pigments), la constitution d'ateliers et la formation des artistes. De même, il est important de considérer l'impact des contextes socio-économiques sur la production artistique et la pérennité de ces traditions face à la modernité.

Ce panel se propose, à travers des études de cas principalement centrées sur le Maghreb et l'Andalousie entre le XIIe et XIXe siècle, de mieux appréhender le rôle du décor peint dans l'architecture civile, en tant que reflet de la culture et de l'histoire de cette région. Les divers types de supports utilisés, les thèmes représentés et les modèles employés seront interrogés pour mieux comprendre les choix esthétiques et les influences stylistiques qui ont sous tendu à la création de ces décors. Des comparaisons avec des compositions d'autres régions du monde islamique permettront, sans doute, de révéler la spécificité du décor peint au Maghreb.

Abstract 

Painted decoration in the civil architecture of the Maghreb serves as a historical and cultural artifact, reflecting the aesthetic preferences of its commissioners. This art form, which adorns the ceilings and walls of residences, is not limited to official palaces or prestigious monuments but is also found in urban and even rural houses, thus becoming an essentiel element of the Maghreb'svisual identity. These decorative elements are often overlooked or even absent from archaeological works. While pictorial compositions from modern times have survived, the same cannot be said for those uncovered through archaeological excavations- their fragility makes them both fragmentary and more sensitive.

This painted decoration attests to a multitude of influences, ranging from local traditions to external contributions, notably Mediterranean ones. It reveals the existence of a cultural area uniting, in the Middle Ages, the Maghreb and al-Andalus, and then, in the modern era, a certain openness to Europe and the Ottoman lands, without for all that renouncing tradition. This hybridization raises the question of cultural identity: how do these decorative elements contribute to composing a visual identity specific to the Maghreb while integrating various traditions? It also raises questions about the potential circulation of repertoires or workshops, as well as the technical aspects and circulation of artisans.

Beyond their aesthetic value, painted architectural decorations raise multiple questions about their social dimensions and cultural meanings. They can serve to express the social status of the commissioners, to mark events, or to transmit cultural values. What are the cultural meanings attached to these decorations, and how do they evolve over time and space?

The execution of painted decorations involves specific techniques that vary over time and from one region to another, raising questions about the transmission of competences, the circulation and supply of necessary materials (pigments), the formation of workshops, and the training of artists. It is also important to consider the impact of socio-economic contexts on artistic production and the sustainability of these traditions in the face of modernity.

This panel explores, through case studies primarily focused on the Maghreb and Andalusia between the 12th and 19th centuries, the role of painted decoration in civil architecture and how it reflects the culture and history of this region. The various types of supports used, the themes represented, and the models employed will be explored to gain insight into the aesthetic choices and stylistic influences that shaped the creation of these decorations. Comparisons with compositions from other regions of the Islamic world will undoubtedly reveal the specificity of painted decoration in the Maghreb region.

Orientations bibliographiques

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