Cet atelier entend réunir les acteurs d'un projet initié en 2021-2022 par le Centre d'Études Alexandrines (CEAlex, CNRS USR 3134), l'Institut français d'archéologie orientale (Ifao), le LARHRA (UMR 5190) et des étudiants de la section d'histoire de l'ENS de Lyon.
Ville en guerre, Alexandrie est au cours des années 1939-1945 un enjeu stratégique du contrôle de la Méditerranée orientale, à la croisée de la guerre terrestre et de la guerre maritime. La défense de la frontière libyenne et le contrôle du Canal de Suez relèvent de constantes de la géopolitique, mais avec une intensité supérieure à celle de la Première Guerre mondiale, puisque la ville est directement menacée jusqu'à la bataille d'Al-Alamein. Si la guerre du désert a fait l'objet de nouveaux questionnements dans une publication récente de l'École française de Rome et du ministère des Armées[1], la ville en elle-même ne semble pas avoir attiré l'attention qu'elle nous paraît mériter. Les acteurs politiques y sont pourtant multiples : gouvernements en exil, factions politiques égyptiennes, colonies nationales présentes dans la cité... La Seconde Guerre mondiale y marque sans doute la fin d'une “communauté citadine” et la ville est l'un des lieux où les enjeux de l'après-guerre sont les plus visibles et où le monde d'après s'élabore. C'est à Alexandrie qu'a été signé en 1944 le protocole préfigurant la création de la Ligue des États arabes, et sa signature au Caire l'année suivante montre bien le déplacement du champ du pouvoir d'une ville ad-Aegyptum vers la capitale d'une Égypte indépendante, centre du pan-arabisme.
Une rencontre en octobre 2022 a permis une première approche de la ville en guerre à partir de témoignages littéraires, un questionnement sur le devenir de communautés ou colonies spécifiques (Français, Juifs, Grecs, Italiens...), sur l'organisation de l'assistance aux blessés et aux réfugiés, sur la santé des troupes présentes dans la ville et engagées dans la bataille d'Al-Alamein, sur la propagande et la postérité cinématographique de la guerre du désert. Certains textes issus de la rencontre de 2022 sont en voie d'édition. Cet atelier devrait permettre de préparer une publication incluant des trajectoires individuelles, mais aussi un travail de dépouillement en parallèle de la presse arabophone et de la presse francophone d'Egypte, susceptible d'éclairer, malgré la censure, l'état de l'opinion publique et des préoccupations distinctes au cours des différentes phases de la guerre.
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EN
This workshop will bring together colleagues involved in a project initiated in 2021-2022 by the Centre d'Études Alexandrines (CEAlex, CNRS USR 3134), the Institut français d'archéologie orientale (Ifao), the LARHRA (UMR 5190) and students from the history department of the ENS de Lyon.
As a city at war, Alexandria was a strategic location for the control of the eastern Mediterranean between 1939 and 1945, at the crossroads of land and sea warfare. The defence of the Libyan border and control of the Suez Canal were constants in geopolitics, but with a greater intensity than in the First World War, since the city was directly threatened right up to the battle of Al-Alamein. While the Desert War has been the subject of fresh debate in a recent publication by the École française de Rome and the French Ministry of Defence[1], the city itself does not seem to have attracted the attention we think it deserves. Yet there were many political actors: governments in exile, Egyptian political factions, national colonies present in the city, etc. The Second World War undoubtedly marked the end of a ‘city community' and the city was one of the places where the post-war issues were most visible and where the post-war world was being shaped. It was in Alexandria in 1944 that the protocol prefiguring the creation of the League of Arab States was signed, and its signature in Cairo the following year clearly shows the shift in the field of power from an ad-Aegyptum city to the capital of an independent Egypt, the centre of pan-Arabism.
A meeting in October 2022 provided an opportunity to take an initial look at the city at war, based on literary accounts, and to ask questions about the fate of specific communities or colonies (French, Jews, Greeks, Italians, etc.), the organisation of assistance for the wounded and refugees, the health of the troops present in the city and involved in the battle of Al-Alamein, and the propaganda and cinematographic legacy of the Desert War. Some of the texts from the 2022 meeting are in the process of being published. This workshop should make it possible to prepare a publication including individual trajectories, but also a parallel analysis of the Arabic-language press and the French-language press in Egypt, likely to shed light, despite censorship, on the state of public opinion and distinct concerns during the different phases of the war.