Plus d'une décennie après les soulèvements populaires à travers le Maghreb-Machrek, force est de constater le reflux des idées ou mouvements émancipateurs au profit de régimes dictatoriaux. L'opposition polarisée par des courants conservateurs et/ou religieux dessine des alternatives excluant toute possibilité qu'elles émanent du camp progressiste. Au Proche-Orient comme ailleurs dans le monde, la « mélancolie de gauche » semble se poursuivre, reléguant les idéaux de ce courant à des imaginaires dépassés. Pourtant, au-delà d'un folklore et de l'attachement à des symboles, les gauches continuent d'occuper des espaces politiques, entre empreinte persistante et spectres toujours réminiscents. Surtout, elles ont légué une dialectique nourrie par des méthodes pour contester l'ordre hégémonique.
Dès lors, prenant appui sur ces réflexions, comment les études sur les gauches au Proche-Orient permettent-elles d'appréhender l'histoire et la prégnance de cet idéal au sein des sociétés ?
Nos communications s'articuleront pour dresser le bilan le plus complet sur la thématique abordée. Dans un premier temps, nous proposerons un retour critique sur une période que l'historiographie considère comme un « âge d'or » des gauches dans le monde arabe. Puis nous proposerons d'appréhender notre sujet à travers ses enjeux littéraires, entre solidarités intellectuelles et lègues politiques via la transmission des mémoires militantes. Enfin, nous interrogerons la manière par laquelle ce lègue est mobilisé.
English version :
More than a decade after the popular uprisings across the Maghreb-Mashreq, it is obvious that emancipatory ideas and movements have been replaced by dictatorial regimes. The opposition, polarised by conservative and/or religious currents, is drawing up alternatives that exclude any possibility of them emanating from the progressive camp. In the Middle East, as elsewhere in the world, the ‘melancholy of the left' seems to be continuing, relegating the ideals of this movement to an outdated imaginary. And despite this, beyond folklore and the attachment to symbols, the Left continues to occupy political spaces, between a persistent footprint and ever-reminiscent spectres. Above all, they have bequeathed a dialectic nourished by methods for challenging the hegemonic order.
Based on these reflections, how can studies of the Left in the Middle East give us an understanding of the history and influence of this ideal within societies?
Our contributions will be structured to provide the most comprehensive overview of the topic. We will begin by taking a critical look back at a period that historiography regards as a ‘golden age' for the Left in the Arab world. We will then look at our subject from a literary point of view, linking intellectual solidarity and political legacies through the transmission of militant memories. Finally, we will examine the ways in which this legacy is mobilised.
Discutante
Jihane Sfeir, REPI/OMAM (ULB)
Communicant-es
Laure Guirguis, AMU-IREMAM : « Les gauches arabes (1950s-1970s) : Retours critiques »
Noémie Cadeau, Doctorante en littératures comparées - Université Jean Monnet, ECLLA / CERMOM : « Des solidarités internationalistes oubliées : les réseaux littéraires de l'Association des écrivains afro-asiatiques »
Sadia Agsous-Bienstein, Sorbonne Nouvelle Paris 3 / CEAO) & Maher al-Sharif, Revue d'études palestiniennes : « Éditer et traduire les mémoires de Mahmoud al-Atrash al-maghribi »
Thomas Vescovi, Doctorant en Études politiques/Sciences politiques au Césor (EHESS) et au REPI/OMAM (ULB) : « Militer à gauche en contexte colonial, les conditions pour un partenariat entre Israéliens et Palestiniens »
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