Generations of memory in Turkey and the Middle East: comparisons, transfers, circulations / Générations de mémoire en Turquie et au Moyen-Orient : comparaisons, transferts, circulations
Lucie Drechselova  1, *@  , Lorenzo D'orsi  2, *@  
1 : Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques  (CETOBaC)
École des Hautes Études en Sciences Sociales, Collège de France, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR8032, Centre National de la Recherche Scientifique
2 : Università degli Studi di Foggia  (UNIFG)
* : Auteur correspondant

“Political generations” are both emic and etic categories. They simultaneously represent a popular label used for describing youth movements, and a shifting concept anchored within political sociology, anthropology, and cultural memory studies. Karl Mannheim ([1927] 1972), the pioneer of the study of generations, contributed to denaturalize this category and view political generations as arising from particular historical circumstances. Mannheim and his followers ascribe the label to individuals based on multiple criteria, most of which pertain to the past – a specific age cohort involved in politics around the same time and marked collectively by a formative event (Lavabre 1981; Braungart and Braungart 1986; Alwin and McCammon 2003; Juhem 2009; Escudier 2016). In contrast, the research anchored in cultural memory studies recognizes the retrospective constructedness of generational labels (Whalen and Flacks 1989; Assmann 2006; Goltz 2011; Kansteiner 2012; Wydra 2018) and shows that generations are involved in the production of collective memory, including activist memory (Eyerman and Turner 1998; Aboim and Vasconcelos 2014; Rigney 2018). Most of current research fails to incorporate heterogeneity and contestation into the contemporary use of generational affiliation, and rarely applies the intersectional perspective, although research considering gender in social movements has been on the rise (Kassem 2011; Reading 2016; McLaughlin 2017; Hajek 2017). 

Drawing on the concept of “generations of memory” (Wydra 2018), this panel argues that generational belonging mediates access to memory of their members. It also highlights the retroactive constructedness of political generations, where generational experiences are negotiated in the present time and in relation to both those who come before and those who follow. The panel considers generations in both political terms (new activists following in the footsteps of earlier political traditions and social movements) and in terms of familial genealogies (children of former militants, often subject to political persecution themselves). Empirically, the panel addresses case studies, comparative studies, and connected studies from Turkey and the Middle East to shed light on the generational political experiences emerging from the social movements of the 1960s and 1970s, the new social movements of the 2010s, as well as the inherited political family experiences that define the young people's identities. What mnemonic processes led to the emergence of generational labels from the 1960s until nowadays? Have the post-2010 youth movements forged a lasting 'generational us'? What (dis-)continuities do new activists emphasize regarding political rhetoric, emotions (such as nostalgia, fear, mourning), and memory frameworks inherited from political generations born of the 1960s and 1970s social movements? As the family memories among the so-called second generations have begun to flourish, how do second generations reclaim and creatively reframe their family memories in the public sphere? What public and political roles do they assign to the (re-)telling of their family stories?

These questions aim to open up a discussion on generational experiences in Turkey and the Middle East through the lens of memory. The panel accepts papers in English and French, with other languages considered on a case-by-case basis (contact panel conveners: lucie.drechselova@ehess.fr ; lorenzo.dorsi@unifg.it).

*********
Les “générations politiques” sont à la fois des catégories émiques et étiques. Elles représentent simultanément une étiquette populaire utilisée pour décrire les mouvements de jeunesse, et un concept changeant ancré dans la sociologie politique, l'anthropologie et les études sur la mémoire culturelle. Karl Mannheim ([1927] 1972), pionnier de l'étude des générations, a contribué à dénaturaliser cette catégorie et à voir les générations politiques comme résultant de circonstances historiques particulières. Mannheim et ses disciples attribuent cette étiquette aux individus sur la base de multiples critères, la plupart liés au passé – une cohorte d'âge spécifique impliquée dans la politique à la même époque et marquée collectivement par un événement formateur (Lavabre 1981; Braungart et Braungart 1986; Alwin et McCammon 2003; Juhem 2009; Escudier 2016). En revanche, les recherches ancrées dans les études sur la mémoire culturelle reconnaissent la construction rétrospective des étiquettes générationnelles (Whalen et Flacks 1989; Assmann 2006; Goltz 2011; Kansteiner 2012; Wydra 2018) et montrent que les générations participent à la production de la mémoire collective, y compris la mémoire militante (Eyerman et Turner 1998; Aboim et Vasconcelos 2014; Rigney 2018). La plupart des recherches actuelles ne prennent pas en compte l'hétérogénéité et la contestation dans l'usage contemporain de l'appartenance générationnelle, et appliquent rarement la perspective intersectionnelle, bien que les recherches prenant en considération le genre dans les mouvements sociaux soient en plein essor (Kassem 2011; Reading 2016; McLaughlin 2017; Hajek 2017).

En s'appuyant sur le concept de « générations de mémoire » (Wydra 2018), cet atelier soutient que l'appartenance générationnelle joue un rôle intermédiaire dans l'accès à la mémoire de leurs membres. Il met également en lumière la construction rétrospective des générations politiques, où les expériences générationnelles sont négociées dans le présent et en relation à la fois avec ceux qui précèdent et ceux qui suivent. L'atelier envisage les générations à la fois en termes politiques (nouveaux militants suivant les traces des traditions politiques et des mouvements sociaux antérieurs) et en termes de généalogies familiales (enfants d'anciens militants, souvent eux-mêmes soumis à des persécutions politiques). Empiriquement, l'atelier traitera des études de cas, des études comparatives et des études connectées portant sur la Turquie et le Moyen-Orient, afin de mettre en lumière les expériences politiques générationnelles issues des mouvements sociaux des années 1960 et 1970, des nouveaux mouvements sociaux des années 2010, ainsi que des expériences politiques familiales héritées qui définissent les identités des jeunes. Quels processus mémoriels ont conduit à l'émergence des étiquettes générationnelles depuis les années 1960 jusqu'à aujourd'hui ? Les mouvements de jeunesse post-2010 ont-ils forgé un “nous générationnel” durable ? Quelles (dis)continuités les nouveaux militants mettent-ils en avant concernant la rhétorique politique, les émotions (telles que la nostalgie, la peur, le deuil) et les cadres mémoriels hérités des générations politiques nées des mouvements sociaux des années 1960 et 1970 ? Alors que les mémoires familiales parmi les soi-disant secondes générations commencent à fleurir, comment les secondes générations revendiquent-elles et redéfinissent-elles de manière créative leurs mémoires familiales dans la sphère publique ? Quels rôles publics et politiques assignent-elles aux remémorations de leurs histoires familiales ?

Ces questions visent à ouvrir une discussion sur les expériences générationnelles en Turquie et au Moyen-Orient à travers le prisme de la mémoire. L'atelier accepte des communications en anglais et en français, d'autres langues peuvent être envisagées au cas par cas (contacter les organisateurs du panel : lucie.drechselova@ehess.fr ; lorenzo.dorsi@unifg.it). 

References

Aboim, Sofia, and Pedro Vasconcelos. 2014. ‘From Political to Social Generations: A Critical Reappraisal of Mannheim's Classical Approach'. European Journal of Social Theory 17 (2): 165–83.

Alwin, Duane F., and Ryan J. McCammon. 2003. ‘Generations, Cohorts, and Social Change'. In Handbook of the Life Course, edited by Jeylan T. Mortimer and Michael J. Shanahan, 23–49. Handbooks of Sociology and Social Research. Boston, MA: Springer US.

Assmann, Aleida. 2006. ‘History, Memory, and the Genre of Testimony'. Poetics Today 27 (2): 261–73.

Braungart, Richard G., and Margaret M. Braungart. 1986. ‘Life-Course and Generational Politics'. Annual Review of Sociology 12:205–31.

Escudier, Alexandre. 2016. ‘La question des générations'. In Temps et politique, edited by Anne Muxel, 87–104. Paris: Presses de Sciences Po.

Eyerman, Ron, and Bryan S. Turner. 1998. ‘Outline of a Theory of Generations'. European Journal of Social Theory 1 (1): 91–106.

Goltz, Anna von der, ed. 2011. »Talkin' 'bout My Generation«: Conflicts of Generation Building and Europe's 1968. Göttingen: Wallstein Verlag.

Hajek, Andrea. 2017. ‘“We Are Not Heiresses”: Generational Memory, Heritage and Inheritance in Contemporary Italian Feminism'. In Protests and Generations: Legacies and Emergences in the Middle East, North Africa and the Mediterranean, edited by Mark Muhannad Ayyash and Ratiba Hadj-Moussa, 224–44. Brill.

Juhem, Philippe. 2009. ‘Effets de Génération'. In Dictionnaire Des Mouvements Sociaux, edited by Olivier Fillieule, Lilian Mathieu, and Cécile Péchu, 188–97. Références. Paris: Presses de Sciences Po.

Kansteiner, Wulf. 2012. ‘Moral Pitfalls of Memory Studies: The Concept of Political Generations'. Memory Studies 5 (2): 111–13.

Kassem, Fatma. 2011. Palestinian Women: Narrative Histories and Gendered Memory. London ; New York: Zed Books.

Lavabre, Marie-Claire. 1981. ‘Génération et Mémoire'. In Table Ronde N° 2, 1–11. Paris: AFSP.

Mannheim, Karl. (1927) 1972. ‘The Problem of Generations'. In Karl Mannheim: Essays, edited by Paul Kecskemeti, Reprint, 276–322. London: Routledge.

McLaughlin, Cahal. 2017. ‘Memory, Place and Gender: Armagh Stories: Voices from the Gaol'. Memory Studies.

Reading, Anna. 2016. Gender and Memory in the Globital Age. Palgrave Macmillan Memory Studies. Palgrave Macmillan UK.

Rigney, Ann. 2018. ‘Remembering Hope: Transnational Activism beyond the Traumatic'. Memory Studies 11 (3): 368–80.

Whalen, Jack, and Richard Flacks. 1989. Beyond the Barricades: The Sixties Generation Grows Up. Temple University Press.

Wydra, Harald. 2018. ‘Generations of Memory: Elements of a Conceptual Framework'. Comparative Studies in Society and History 60 (1): 5–34.

 


Personnes connectées : 3 Vie privée
Chargement...