Dans cet atelier, nous allons examiner différentes sources historiques relatives à la région de Kabylie au XIXe siècle. Nous chercherons à établir une approche historique qui confronte les sources imprimées à d'autres types de documents concernant l'histoire de cette région. Il convient de noter que les sources locales en langue berbère et en arabes sont presque inexistantes, en raison de la tradition orale qui prévaut dans la culture kabyle, et la littérature kabyle se manifestait surtout à travers la poésie.
Les sources coloniales prédominent dans la majorité des études consacrées à la Kabylie, qu'il s'agisse des sources imprimée, des archives, des monographies, les chroniques et d'autres.
En Kabylie, des recherches significatives sur les Qanuns kabyles ont été menées par A. Hanoteau, R. Letourneux, H. Aucapitaine, A. Bernard et L. Milliot. Ces chercheurs ont notamment présenté une photographie d'un document berbère transcrit en caractères arabes. Le Qanun du village de Thaslent a été retrouvé dans les archives de la famille Hanoteau. Son auteur serait Si al-Hadj Said U ‘Ali (1829-1876), qui était « le neveu du Bach-Agha du Djurdjura ».
Parmi les documents d'archives les plus significatifs relatifs à la région, le « Rapport sur la répression du banditisme », rédigé par le sous-préfet de Tizi Ouzou, Lefevure, au début de l'année 1894. Ce document, qui dépasse les 300 pages, inclut notamment des rapports des chefs des communes mixtes de Haut Sébaou, Azzefoune, Djurdjura, Soummam, Port Gueydon, Akbou, ainsi que des rapports émanant des chefs de postes militaires, des lettres de « bandits » et divers procès-verbaux. Arezki L'Bachir, le révolté le plus notoire de cette période, a suscité un vif intérêt au sein de l'administration française, ce qui a conduit à la collecte d'informations détaillées sur ses activités. Il était tellement recherché qu'une vaste campagne militaire a été lancée contre lui à l'automne 1893.
Parmi les poètes locaux les plus influents, il convient de citer Si Mohand-Ou-Mhand, Smaïl Azikiw, El Hadj Arezki Ou-Hawach, ainsi qu'une multitude de poètes anonymes. La Kabylie a été profondément marquée par l'insurrection de 1871. La poésie kabyle de cette période est le reflet d'une détresse morale aiguë. Les recherches sur les manuscrits en langue berbère sont extrêmement rares. En 1893, J.D. Luciani constatait que de nombreux chercheurs s'intéressant à la langue berbère se heurtaient à deux principales difficultés : d'une part, l'absence d'unité de cette langue ; d'autre part, le quasi-total manque de documents écrits.