Fifteen years ago, an unprecedented wave of anti-government protests and pro-democratic uprisings (known in Arabic as thawarat, or revolts) swept across the Arab region. They started in late 2010 in Tunisia and then metamorphosed in other countries including Egypt, Libya, Syria, Yamen, and Algeria. Mass demonstrations took off the streets where the people called for the removal of authoritarian Arab regimes. These uprisings, which were ambitiously termed the Arab Spring, have had pivotal and profound impact on the geo-political and social landscapes of the region across the Maghreb and the Mashriq, yielding, in most cases, disillusioning outcomes. They have also affected the cultural and literary scenes of the Arab world, leading to significant transformations in how stories are told, what themes are explored, and how identities are constructed and expressed in creative means. This workshop aims to explore the impact of the uprisings on Arab(ic) literary expression focusing, particularly, on the formal and thematic aspects of Arab(ic) literature in the post-Arab Uprising era.
One of the key areas of focus in this workshop is the emergence of experimental forms in Arab(ic) literature. Writers from the region have increasingly turned to unconventional narrative structures, blending genres, and employing innovative linguistic techniques to express the complexities of the post-revolutionary experience. The emergence of graphic literature (comics), speculative fiction, testimonial literature, climate fiction, dystopian fiction, and hybrid forms of writing are some of the forms that flourished in the post-uprising period. This shift towards experimentalism is seen as both a reflection of and a response to the chaotic, fragmented, and uncertain realities that have characterized many Arab societies in the aftermath of the uprisings and the sense of disenchantment that followed. By breaking away from traditional literary forms, authors have sought to capture the disorienting and often contradictory nature of life in this turbulent period.
In addition to formal experimentation, the workshop explores the emerging themes that have come to the forefront of Arab(ic) literature over the past fifteen years. Issues such as displacement, gender questions, and social justice have gained prominence, often intertwining the personal and political consequences of the uprisings. The narratives that have emerged from this period often reflect a deep engagement with the ongoing struggles for freedom, dignity, and human rights, while also grappling with the disappointments and disillusionments that have accompanied the post-revolutionary phase. Literature has become a powerful medium for exploring these complex emotions, offering both catharsis and socio-political critique.
By bringing together presentations from scholars and critics of Arab(ic) literature, this workshop aims to foster a deeper understanding of the literature that has been published in the fifteen years following the uprisings (since late 2010) focusing on the ways in which this literature has responded to and/or reflected upon the socio-political transformations of the Arab world. The workshop seeks to contribute to the ongoing dialogue about the role of literature in times of crisis, highlighting the resilience and creativity of Arab writers in the face of unprecedented challenges.
French summary:
Il y a quinze ans, une vague inédite de manifestations anti-gouvernementales et de soulèvements pro-démocratiques, connus en arabe sous le nom de « thawarat » (révoltes), a déferlé sur le monde arabe. Tout a commencé à la fin de l'année 2010 en Tunisie, puis les mouvements se sont propagés dans des pays comme l'Égypte, la Libye, la Syrie, le Yémen et l'Algérie. Des foules sont descendues dans la rue pour réclamer la chute des régimes autoritaires. Ces révoltes, appelées avec espoir « le Printemps arabe», ont profondément marqué les paysages géopolitiques et sociaux du monde arabe, mais les résultats ont souvent été décevants. En parallèle, ces événements ont bouleversé les scènes culturelles et littéraires du monde arabe, entraînant des transformations majeures dans la manière de raconter des histoires, dans les thématiques explorées et dans la façon dont les identités sont construites et exprimées.
Cet atelier propose d'explorer l'impact de ces soulèvements sur l'expression littéraire arabe, en se concentrant sur les aspects formels et thématiques de la littérature post-révolutionnaire. L'un des axes majeurs de réflexion sera l'émergence de formes littéraires expérimentales. De plus en plus d'écrivains se tournent vers des structures narratives non conventionnelles, mélangeant les genres et utilisant des techniques linguistiques innovantes pour traduire la complexité de l'expérience post-révolutionnaire. La littérature graphique (comme les bandes dessinées), la fiction spéculative, les récits testimoniaux, la fiction climatique ou dystopique, ainsi que des formes hybrides d'écriture ont connu un essor notable depuis les soulèvements. Cette tendance vers l'expérimentation est à la fois le reflet et la réponse aux réalités chaotiques, fragmentées et incertaines que traversent de nombreuses sociétés arabes après ces révoltes, marquées par la désillusion. En s'éloignant volontairement des formes littéraires classiques, les auteurs cherchent à capter la confusion et les contradictions de la vie pendant cette période tourmentée.
Par ailleurs, l'atelier s'intéresse aux nouveaux thèmes qui ont émergé dans la littérature arabe au cours des quinze dernières années. Des thématiques comme le déplacement, les questions de genre et la justice sociale ont pris une importance centrale, mêlant souvent les conséquences personnelles et politiques des révolutions. Les récits de cette époque témoignent d'un engagement profond en faveur des luttes pour la liberté, la dignité et les droits humains, tout en abordant les déceptions qui ont accompagné la période post-révolutionnaire. La littérature est devenue un moyen puissant d'exprimer ces émotions complexes, offrant à la fois un exutoire et une critique sociopolitique.
En réunissant des chercheurs et critiques de la littérature arabe, cet atelier vise à approfondir la compréhension des œuvres publiées au cours des quinze années qui ont suivi les soulèvements (depuis la fin de 2010), en se concentrant sur les façons dont cette littérature a réagi aux transformations sociopolitiques du monde arabe ou les a reflétées. Cet événement souhaite ainsi contribuer au dialogue sur le rôle de la littérature en temps de crise, en soulignant la résilience et la créativité des écrivains arabes face à des défis sans précédent.